L’assurance des maisons ancestrales

7 Nov 2022 | Habitation, Particulier

Julie St-Onge
Julie St-Onge
Courtière en assurance de dommages

La difficulté à assurer les maisons ancestrales a fait la manchette ces derniers mois. Est-ce possible d’assurer une maison centenaire? En tant que propriétaire, à quoi devons-nous nous attendre?

Tout d’abord, il faut savoir que les assureurs classent les maisons centenaires en deux catégories, soit les maisons qui ont reçues le statut patrimonial et les autres.

Le statut patrimonial signifie que le bâtiment a une valeur spéciale aux yeux de la municipalité où il est situé, en raison de son histoire, de son cachet, etc. Les maisons avec un statut patrimonial sont assujetties à des règles plus strictes à différents niveaux, particulièrement pour les rénovations. Ces dernières sont beaucoup plus difficiles à assurer étant donné les normes qui doivent être suivies lors de la restauration après sinistre.

Peu d’assureurs souscrivent de l’assurance habitation pour les maisons anciennes et encore moins pour les maisons patrimoniales. De plus, que ce soit pour une maison ancestrale ou patrimoniale, attendez-vous à payer beaucoup plus cher qu’une simple assurance habitation. En effet, la différence de coût s’explique par une plus grande fréquence de sinistres, les contraintes générées par la réparation (restauration, utilisation d’un même matériau, etc.) et le coût moyen des rénovations à effectuer.

Avoir un dossier complet et à jour vous aidera à assurer votre maison centenaire. En effet, un dossier contenant notamment l’historique (photos et factures) des réparations et de l’entretien, permettra à l’assureur de faire une évaluation adéquate de vos besoins. De plus, si votre résidence est considérée patrimoniale, il devrait contenir la documentation relative aux conditions qu’exige ce statut. Ainsi, l’assureur pourra mieux évaluer les obligations à respecter en cas de sinistre.

Toutefois, l’appétit des assureurs réguliers pour ce genre de risques est très restreint, et pratiquement inexistant pour les maisons patrimoniales. La complexité des normes de souscription et des règlements de sinistre explique en grande partie la situation. On doit alors se tourner vers un marché sous-standard, qui offrira des protections réduites drastiquement pour des primes très élevées.

La meilleure option est généralement proposée par les contrats d’assurance agricole. Leurs normes de souscription plus flexibles pour les maisons ancestrales permettent de les couvrir avec des protections standards, mais en appliquant des exclusions ciblées selon les caractéristiques du bâtiment. L’assureur pourrait suspendre des protections jusqu’à ce que l’assuré se conforme aux normes. Par exemple, si la toiture a atteint ou dépassé sa durée de vie utile, les protections liées à l’infiltration d’eau ou aux dommages par le poids de la neige pourraient être suspendues le temps que les rénovations soient effectuées.

Chaque assureur développe son niveau de tolérance face aux maisons centenaires. D’autres facteurs sont considérés lors de l’analyse du dossier tel que la cote de crédit ou les valeurs assurables de l’ensemble du contrat. Certaines caractéristiques comme l’isolation en bran de scie ou les cheminées tablettes conduiront au rejet du dossier. L’assuré n’aura alors comme seule option de rectifier la situation en condamnant la cheminée ou en modifiant les matériaux utilisés pour l’isolation afin de se conformer aux normes.

En terminant, voici quelques conseils d’assurance :

  • Avant d’acheter une maison patrimoniale, contactez nos courtiers pour vérifier l’assurabilité du bâtiment.
  • Si vous êtes déjà propriétaire d’une telle maison, le meilleur conseil est de conserver votre assureur actuel! Si vous quittez pour un compétiteur, rien ne garantit qu’il vous reprendra par la suite.
  • Si votre assureur refuse de renouveler votre contrat, contactez votre courtier pour qu’il vous offre des options.
  • Apportez les modifications nécessaires à votre résidence pour qu’elle rencontre les « normes d’acceptabilité » des assureurs.

Mais surtout, rappelez-vous que malgré ces difficultés d’assurance, comme le dit si bien la chanson, « la vie a du bon, dans nos vieilles maisons! »